a la rencontre des colanceurs

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L’aventure se poursuit en Bourgogne !

Je ne sais pour toi, mais moi j’ai commencé l’année 2020 avec une belle entrevue pour enregistrer le deuxième épisode du podcast « A la rencontre des Colanceurs » !

Après Elizabeth à Alicante (lien), c’est Mylène que je suis allée retrouver dans son petit village à quelques kilomètres de Dijon.

Ce voyage coïncide avec ma mobilité retrouvée, comme un réveil après une une période de fin d’année en mode ralenti par des douleurs paralysantes du bas du dos.

A l’instar de la nature vulnérable et fragile qui m’entoure depuis le village de Haute-Marne où je passais les fêtes. J’ai effectué une pause hivernale, avec une manifestation extérieure de vitalité très discrète…

L’accueil de Mylène, dans la spacieuse maison qu’elle a construite, brique par brique,  avec son mari, et pas encore tout à fait terminée, est une agréable reprise de contact avec la réalité. 

Ils vivent ici avec avec leurs deux enfants et elle y a installé son bureau de Designer graphique en sous-sol.

Le trajet est bien trop brumeux pour te partager les doux vallons de Bourgogne que j’ai traversés. Par contre, sur une photo de son jardin, tu peux apercevoir une poule qui  se dandine et les ruches dont elle récolte un miel que j’ai eu l’occasion de savourer…

Autour d’une tisane, on fait plus ample connaissance et rapidement on branche les micros pour procéder à l’enregistrement dans son salon.

Le parcours de Mylène et ses spécificités  :

Mylène démontre comment réunir des polarités : à la fois calme, posée et dotée d’une réflexivité élaborée sur sa trajectoire, c’est aussi une femme sous tension qui n’ose pas instinctivement se mettre en avant.

Très jeune elle a été attirée par les métiers d’art mais en raison du mauvais accueil de son projet initial, par ses formateurs de l’époque, elle cède à la pression et s’oriente vers la communication visuelle.

Son manque de confiance en elle l’invite à se remettre régulièrement en question.  Progressivement, elle apprend à utiliser cette fragilité pour se confronter autant que possible à des situations éloignées de sa zone de sécurité, en franchissant à chaque fois un palier supplémentaire.

A mes yeux, une part de sa singularité réside dans sa façon prudente d’avancer, sans brûler les étapes, au cours de l’exploration intérieure que représente pour elle l’aventure entrepreunariale.

Lorsque les circonstances devancent son idée de se mettre à son compte après 7 ans de salariat, elle met en place la transition en gardant son ancien réseau professionnel comme clients.

Un confortable filet de protection pour amortir le grand saut ! 

    • Mylène cherche à nourrir son esprit créatif et son goût pour le contact avec les matièresAinsi, en plus d’être aux commandes de son entreprise Micoton et son rôle de maman, elle multiplie les activités manuelles et artistiques : photographie, couture, vannerie, pâtisserie, percussion,…Qui pourra dire comment ce processus de tressage de différents univers lui permet d’enrichir son inspiration ?
    • En tant que « Mamanpreneur », elle n’hésite pas à établir un parallèle entre la manière “maternelle”, bienveillante de favoriser la mise en confiance de ses enfants vers l’inconnu et l’attitude rassurante qu’elle développe face à ses clients.
    • Sa posture face à la concurrence, particulièrement aiguë dans le domaine du graphisme, est tranchée :Aujourd’hui, elle refuse de jouer des coudes pour décrocher une mission en bradant ses prix.

Tout d’abord parce que les contextes de compétition ébranlent sa fragile confiance en elle mais aussi pour des raisons éthiques. 

Elle choisit de se détourner des plateformes payantes permettant une mise en lien avec d’éventuels clients ou celles versant dans le graphisme low cost.

Elle estime qu’il y a une différence très nette entre proposer la réalisation technique d’un logo et concevoir, avec un client, un objet graphique singulier qui saura refléter une identité, des valeurs, des missions particulières.  

    Les éclairages apportés par l’expérience de Mylène

     

    Les nouveaux rapports au travail & L’identité d’entrepreneur 

    Mylène estime avoir deux métiers : celui de graphiste designer et celui d’entrepreneur (aspects administratifs et communicationnels).

    Selon elle, la liberté de l’entrepreneur est de l’ordre du mythe.

    Peut-être s’incarne-t’elle concrètement pour l’entrepreneur qui a franchi les marches du succès ?

    La concernant, elle apprend à apprivoiser une certaine forme de liberté (en terme de flexibilité horaire et de choix des clients avec qui travailler) qu’elle définit comme très circonscrite.

    La vie d’entrepreneur lui donne la sensation de jongler en permanencepour éviter une trop grande inter-pénétration entre sphères privée et professionnelle.  

    Elle souligne que lorsqu’on est son propre patron, on est beaucoup plus exigeant avec soi-même.

    Mylène exprime son paradoxe vécu : elle a toujours ressenti les dimensions de l’entrepreunariat comme faisant partie de son ADN (créer, expérimenter, faire des liens) et n’a osé s’affirmer comme entrepreneur que depuis peu… 

    Son identité professionnelle a muté très lentement entre une « graphiste sans patron » et une réelle entrepreneure.

    Cette évolution doit beaucoup à la confrontation avec des communautés d’entrepreneurs. Elle a d’abord fréquenté des groupes virtuels, sur les réseaux sociaux. Puis, dans la vraie vie elle rejoint un club national de femmes entrepreneuses, à déclinaison locale.

    Les façons inédites de s’informer, s’auto-former et évoluer

    D’une manière générale, Mylène préfère les modalités d’une formation « physique » : le cadre avec un espace-temps dédié lui convient mieux.

    A la marge, elle a utilisé, avec satisfaction, des formations virtuelles pour maîtriser certains logiciels-système comme WordPress et Joomla.

    Pour affiner des compétences techniques, elle s’appuie sur les nombreux tutoriels existants sur le net.  

    Elle intègre aussi de nouvelles compétences au sein des groupes d’entrepreneurs et graphistes indépendants, virtuels et réels.

    L’enjeu de l’identité numérique

    Micoton, son entreprise, déploie sa présence sur 3 réseaux sociaux et un site internet. 

    Sa problématique n’est pas d’ordre technique mais sur l’aspect chronophage de l’animation de ces différents réseaux. Instagram, Facebook, LinkdIn possèdent chacun une tonalité, un public et des contenus différents visant tous à se mettre en scène pour mieux se vendre et être visible.

    Elle n’est pas encore parvenue à trouver la façon naturelle d’injecter qui elle est dans la présentation de son travail

    Contrairement à d’autres, qui utilisent les stories pour dévoiler les coulisses de leurs créations, elle ne se sent pas prête aujourd’hui à montrer un travail non abouti.

    Ce qui fonctionne encore le mieux pour elle, c’est le bouche à oreille et la recommandation.

    La question du développement personnel

    Mylène exprime très clairement qu’elle ne se voit pas cheminer seule, sans un retour sur sa situation, ses points forts et ses points faibles.

    Elle a donc choisi de bénéficier d’un soutien psychologique et d’un coaching pour évoluer.

    C’est en partie grâce à ces accompagnements qu’elle peut aujourd’hui s’enhardir à se confronter de plus en plus aux autres et à des situations en dehors de sa zone de confort.

    A tel point qu’elle envisage de s’impliquer sur des projets collaboratifs de proximité réunissant des petites entreprises de son territoire.

    Discussions hors-micro  

    Après l’enregistrement, nous poursuivons nos échanges autour de la spécificité d’être une femme dans la galaxie des entrepreneurs

    Elle accorde une grande importance aux valeurs, plutôt féminines, de bienveillance et d’empathie qu’elle retrouve plus rarement chez les hommes. 

    La notion de féminité nous amène sur le sentier des inquiétudes palpables quant au devenir de notre planète et aux turbulences qui agitent le monde social.

    On décide d’être optimiste en nourrissant l’espoir que ses enfants, représentant d’une nouvelle génération, sachent poursuivre, à plus grande échelle, les initiatives actuelles pour transformer notre schéma à bout de souffle.

    Peut-être sauront-ils, mieux que nous, franchir les pas vers un nouveau modèle, plus respectueux du vivant qui nous entoure et dont nous faisons partie ?

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