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Rencontre d’une expat à Paris
Une entrevue qui casse les codes puisque cette fois-ci c’est mon invitée qui vient à moi.
Annaick vit au Moyen-Orient depuis 3 ans. Alors, quand on a réfléchi à notre échange, on avait d’abord envisagé un enregistrement à distance. Mais cette solution aussi pratique et répandue soit-elle n’est pas du tout alignée avec l’esprit du podcast. Le concept est de vivre une vraie rencontre où le temps long est de mise.
Ni une ni deux, on a saisi l’occasion d’une présence commune à Paris pour passer ensemble un moment privilégié.
De retour des Pays-Bas où j’ai rencontré Pando à Utrecht (épisode 9) et à la veille de quitter Paris pour me rendre à mon prochain ancrage sur Poitiers, j’accueille donc Annaick chez mon frère, autour de République.
L’après-midi, nous papotons beaucoup hors micros et micros branchés.
Le soir, on se la joue parisiennes. On enchaîne un dîner et un spectacle d’Olivia Moore, à l’humour féministe et grinçant, sur une péniche dans le 5 ième arrondissement.
Nous sommes début mars, à J-7 de l’annonce du premier confinement suite au Covid, ce genre de période s’inscrit particulièrement dans la mémoire…
Je ne le savais pas à ce moment là mais cet enregistrement sera le dernier avant la pause imposée par le virus et la reprise de mon projet en juillet.
Nos échanges virtuels avec Annaick sont déjà nombreux et s’inscrivent au sein de la communauté Colancing. On s’est rapidement sentie connectée car nous partageons des intérêts communs autour de l’accompagnement des personnes et de la quête de sens des trajectoires professionnelles.
Au premier contact réel, je suis sous le charme de cette grande femme, pétillante d’intelligence, mêlant l’humour et un franc-parler.
En terme de quête de sens, elle se pose là car son parcours est une belle démonstration d’un cheminement progressif vers l’atteinte d’un alignement.
Aujourd’hui elle a justement développé une activité permettant aux autres de se construire leur propre alignement
Mais rembobinons un peu la pellicule ! Avant d’en arriver là à quarante ans passés, il y a eu différents épisodes et quelques rebondissements, évidemment.
D’abord, une scolarité en mode bonne élève, marquée par un changement de collège où elle expérimente le poids de la réputation scolaire et du jugement. Elle passe en effet de la petite fille travailleuse et disciplinée à l’adolescente rebelle.
Puis, les études supérieures se profilent avec une myriade d’intérêts et la difficulté de faire des choix. Entre tout ce qui l’attire, elle opte pour un DEA en histoire de l’Art.
Elle occupe un premier poste dans les relations presse et investisseur pour des sociétés de biotechnologie. C’est un domaine assez éloigné de ses connaissances qui va nécessiter l’acquisition de nouvelles compétences.
Après un cursus complémentaire en marketing, elle poursuit cette lancée pendant une quinzaine d’années comme chef de produit et consultante marketing, avant de passer de nouvelles certifications en accord avec ses projets et activités professionnelles.
Sa trajectoire illustre à merveille qu’un des leviers facilitant l’évolution est l’apprentissage permanent.
Conjuguer l’expatriation au pluriel
La première fois, destination les Pays-bas où son mari est engagé pour une mission de 3 ans. C’est juste après la naissance de leur second enfant.
Là, cette pause qu’elle attendait avec enthousiasme s’est transformée en une période moins fun que prévue. Un moment qui va souligner son besoin d’être en activité professionnelle et stimulée intellectuellement.
Elle tente d’ajuster ces priorités au cours de cette première année en choisissant de reprendre ses missions au sein de l’entreprise qu’elle avait quittée. Mais cela implique des déplacements réguliers en France, un emploi du temps compliqué et tendu.
Bref, elle ne tient pas ce rythme dans la durée et renonce à poursuivre cette course effrénée. Elle s’aperçoit qu’elle a basculé d’une extrême à l’autre : absence de travail versus trop de temps consacré au travail.
Elle cherche alors comment travailler en mode nomade, on est en 2012 et à cette époque, c’est un phénomène moins répandu ! En faisant le point sur ses envies profondes, elle se forme à distance au coaching.
Après 3 ans aux Pays-Bas, avec son mari, ils actent un retour en France. Elle n’ose pas encore sauter le pas du coaching comme activité principale à ce moment-là. Elle reprend alors son poste en marketing.
C’est l’occasion d’une expérience constructive : elle comprend qu’elle ne veut plus travailler dans des boîtes où les valeurs sont éloignées des siennes.
Ce qu’elle fait ne lui déplaît pas (conseil, analyse,…) mais c’est la finalité marketing et l’obligation de supporter des collègues, des décisions ou des organisations qu’elle estime dysfonctionnelles qui ne lui conviennent plus.
Elle s’engage dans un accompagnement lui permet de travailler sur elle, ses doutes et ses choix.
Plutôt que se définir comme coach, elle préfère adopter une posture d’accompagnante professionnelle, ça lui convient mieux et cela lui paraît plus concret. Elle ajoute le bilan de compétences à ses acquis et s’adonne à sa passion de l’accompagnement sur son temps libre.
Sa deuxième expatriation au Moyen-orient coïncide avec le lancement officiel de son activité
C’est un peu à reculons qu’elle se lance et décide d’assumer pleinement cette nouvelle identité qui lui va pourtant comme un gant : AH Accompagnement.
Le nom de son entreprise intègre ses propres initiales et le cœur de son activité, ce qu’elle adore faire : accompagner.
Aider d’autres personnes à trouver les solutions les plus adaptées pour (re)trouver l’épanouissement dans leur vie professionnelle est désormais son Igikaï !
L’alignement est donc en marche : elle a réunit les 3 bases essentielles d’une satisfaction au travail.
On peut détailler ces 3 fondements en s’appuyant sur son exemple : son « Quoi » (les activités centrales comme analyser, conseiller) est ok, son « Pourquoi » (les bénéficiaires de sa mission, le but de participer à apporter un mieux-être) est coché et son « comment » (free lance à son compte, prise en charge à distance et individuel) est entériné !
Le parcours d’Annaick et ses spécificités :
La voilà donc au démarrage d’une nouveau chapitre. Fraîchement installée au Moyen-Orient avec mari et enfants, elle doit bâtir son activité en partant de zéro.
Sa précédente expérience l’a démontrée, il n’est pas envisageable pour elle de vivre sans s’inscrire dans un projet professionnel où elle pourra combler ses besoins de réalisation personnelle et intellectuelle.
Elle retrousse ses manches et parvient à mener de front la conception des méthodes et outils qui vont lui permettre de détailler et singulariser son offre.
Il faut également mettre en oeuvre des supports de communication et leurs contenus ainsi que sa présence en ligne.
Ce n’est pas simple de tout coordonner et de rester focus sur les différentes priorités que nécessitent un lancement.
Alors qu’une nouvelle montée en compétences est nécessaire, elle va s’appuyer sur différents types de formations en ligne pour, notamment, créer un site, proposer des contenus et affiner un tunnel de vente.
Avant de rencontrer Annaick, j’étais déjà abonnée à ses réseaux sociaux et j’avais visité son site internet. Je ne renie pas mon admiration devant la qualité des contenus qu’elle partage de manière régulière et cohérente.
Son statut d’expat, s’adressant aux francophones, l’éloigne géographiquement de ses cibles et l’oblige à la prospection à distance. D’autant plus que là où elle se situe, elle ne peut pas compter sur des salons, ateliers, événements pour établir une visibilité et faire jouer le bouche à oreille.
A mes yeux, sa communication se démarque par un savant dosage entre des données conceptuelles et des pistes d’application très pragmatiques dont toute personne en processus d’orientation peut bénéficier pour avancer.
Du désir de trouver sa voie à un projet réaliste
Nous traversons une époque aux repères bousculés : notre rapport au travail évolue et l’importance de la réalisation personnelle à travers nos activités professionnelles se fait massive. Annaick, devant ces nouvelles donnes, garde les idées claires.
De son point de vue, le sens au travail, Graal recherché par de plus en plus d’individus, nécessite une approche prudente et nuancée.
En effet, tout le monde ne peut pas sauver des vies ou se professionnaliser dans la préservation de la planète, activités habituellement reliées au sens et à l’utilité sociale. Il s’agit de comprendre qu’on peut impacter positivement son environnement de mille façons.
Apporter du plaisir, de belles sensations aux autres, par exemple, sont des fonctions bien illustrées par les métiers de bouche et de tous ceux qui créent « du beau ».
Aussi, se connaître en identifiant ce qui nous procure de la satisfaction, ce qui répond à nos besoins secondaires et ce que l’on effectue relativement « facilement » sont des critères essentiels à prendre en compte.
Parfois, notre activité a peu d’impact social ou humain direct mais on prend plaisir à l’effectuer, d’autres fois on accomplit des missions importantes au service de causes essentielles (éducation ,santé,…) mais le contexte de travail n’est pas épanouissant.
Annaick l’explique clairement et simplement : trouver sa voie relève d’un assemblage de paramètres unique à chaque personne qui ne nécessite pas toujours un changement brusque et radical de vie.
Elle aime se décrire comme une Doula, celle qui aide à l’accouchement, ou encore comme un guide de haute-montagne. Tendre la main à ceux qui en ont besoin pour ficeler un projet correspondant à la situation et aux ressources dont dispose la personne dans son contexte actuel.
Les éclairages apportés par l’expérience d’Annaick
Les nouveaux rapports au travail & L’identité d’entrepreneur
Annaick a du apprendre à être entrepreneur : maîtriser les outils et l’état d’esprit nécessaires à tout porteur de projet.
Il lui a notamment fallu combattre sa forte tendance à l’autonomie. Travailleuse et auto-disciplinée, elle s’est rendue compte des limites de l’isolement et du fait de ne compter que sur soi lorsqu’on fait tout, toute seule.
Progressivement, elle s’est ouverte à de l’aide extérieure, aux interactions qui lui permettent de grandir professionnellement et de ne pas se limiter à ses acquis anciens ou fraîchement développés.
Cette co-cultivatrice qui participe à planter des graines dans le terreau de ceux qu’elle accompagne précise sa relation avec ses clients.
Son rôle n’est pas de répondre à la place des personnes au sujet de leur motivation, énergie ou possibilité à mettre en place le projet élaboré conjointement.
Par contre, sa responsabilité est de guider pour faire émerger les atouts et les points d’amélioration de ces clients ainsi que toutes les questions à se poser avant de se lancer.
Parmi les compétences développées dans ses activités précédentes, elle peut s’appuyer sur ses qualités d’analyse, d’écoute et de conseil.
Finalement son cœur de métier n’a pas tant changé depuis le début de sa vie professionnelle. C’est tout le reste qu’elle a fait évoluer : le domaine d’application et les conditions de l’exercer.
Ce que l’entrepreunariat lui apporte ? La possibilité d’être authentique, elle-même : plus besoin de mettre la veste imposée par un poste ou une entreprise qui ne lui convient pas.
Elle peut dire Adieu aux contorsions nécessaires pour s’adapter à un moule qui n’est pas le sien.
Elle souligne également la liberté des horaires, lieux de travail et le fort degré d’autonomie dont elle dispose en tant qu’indépendante.
Le rapport aux données numériques
Annaick a énormément recours aux données digitales pour se former et s’informer.
Elle a régulièrement suivi, avec succès et détermination, des formations en ligne sur les domaines spécifiques dont elle a eu besoin.
C’est seulement lors de ses séjours en France qu’elle peut participer à des formations présentielles complétant son socle de de compétences.
Elle s’exprime devant la problématique du choix et de l’offre abondante quelque soit le sujet. Il faut réussir à ne pas être dans la compulsion et l’accumulation des formations, surtout que se former est souvent un des réflexes numéro 1 quand on envisage une nouvelle activité.
Elle possède sa technique : ne pas se précipiter, examiner si réellement on pense venir à bout des contenus, si ceux-ci sont prioritairement utiles pour soi et/ou son activité. Peut-être parfois vaut-il mieux privilégier un coaching personnalisé qui va nous challenger ?
Elle a d’ailleurs écrit un article de blog sur son site où elle partage de précieux conseils, basés sur son expérience à ce propos (les formations en ligne)
Les enjeux de l’identité digitale
Sa présence digitale n’est pas une option. Comme précisé, sa situation d’expatrié, très éloignée géographiquement des siens et de ses clients, l’oblige à passer par cette fenêtre, la seule qui lui permette un lien vers l’extérieur.
Créer son site internet et ses modalités de communication ont fait partie des gros chantiers à mener au démarrage. Même si 3 ans plus tard, elle y passe moins de temps, plusieurs heures par semaine sont dédiés à cet aspect.
Pour ses articles de blog, Annaick a d’abord déterminé les questions et les attentes de sa cible. Cette base lui indique les thématiques à développer.
Elle a réussi à forger son style et faire transparaître sa personnalité dans la rédaction de ses contenus en mêlant à la fois un fond sérieux et une forme légère. Sa tonalité regorge d’humour et les invitations à faire appel à ses services ne sont pas agressives.
Présente sur les 3 réseaux sociaux les plus fréquentés par ses propects : Facebook, Linkdin et Pinterest, c’est par ces canaux qu’elle amène des clients potentiels à fréquenter son site et à initier un premier contact avec elle.
En parallèle, le référencement de ses articles de blog sur Google est une importante source de trafic vers son site.
La question du développement personnel
Annaick a expérimenté des méthodes différentes en terme d’accompagnement personnel. L’hypnose et la méditation font, notamment, partie des outils qu’elle a pratiqués pour traiter des douleurs chroniques.
Elle a pris conscience qu’investir sur elle est un facteur de croissance à la fois personnel et professionnel. Elle s’autorise donc progressivement à dédier un budget allant dans le sens de cette évolution.
Comme son métier de coach nécessite de prendre du recul et d’atteindre une juste distance avec ceux qu’elle accompagne, elle fait appel à un superviseur pour débriefer et questionner sa posture.
Annaick est ravie de faire partie de l’ensemble des professionnels qui soutiennent le cheminement des autres personnes. C’est ainsi qu’elle se sent alignée surtout lorsqu’elle touche du doigt son moment préféré. Celui où elle sent qu’elle tire un fil qui va ouvrir les horizons.
La réussite des trajectoires de changement de ses clients lui procure une belle montée de joie et assoit davantage sa légitimité.
Et après ?
Maintenant que son entreprise génère des revenus qu’elle estime correct, l’idée est de continuer de la développer à sa mesure. Annaick atteint le virage qui nécessite de faire monter une marche supplémentaire à son projet.
Par contre, elle souhaite maintenir un équilibre en terme d’investissement de son énergie et de son temps entre sa structure et les autres sphères de sa vie.
Afin de franchir plus rapidement certaines étapes, elle prévoit un coaching qui lui permettra d’amplifier ses savoir-faire et savoir -être d’entrepreneur.
Troisième expatriation à… Dubaï !
Après 3 années au sein d’un autre pays du Golfe assez replié sur lui-même, la petite famille prépare son installation à Dubaï, un des eldorados des expatriés des Emirats arabes unis.
En pleine crise du Covid, un déménagment international est plein de complications mais le digital nomadisme n’a plus de secrets pour Annaick. Munie de son P.C., elle peut continuer d’accompagner ses clients que ce soit entre deux cartons, deux avions ou entre deux visites de maisons.
L’été et la rentrée 2020 ne sont pas de tout repos mais son activité continue et elle a hâte que tout soit calé.
Une fois installés dans leur nouvel environnement, Annaick compte bien accompagner encore plus loin ses clients avec de nouveaux outils issus de sa formation en sophrologie qu’elle termine bientôt. Mais chut ! Ceci est encore confidentiel !
Merci Vanessa pour ce moment ! J’ai pu avoir depuis le partage du podcast des personnes me disant qu’elles s’étaient reconnues ou que ce que nos échanges leur avaient permis d’oser s’écouter et aller vers le changement ! Que les trajectoires permettent aux autres de s’affranchir de barrière c’est assez beau alors merci encore 😍
Annaick, merci pour le commentaire ! Comme tu le dis, c’est beau qu’une trajectoire particulière inspire d’autres personnes…
Cette puissance des récits est assez époustouflante, elle permet de prendre la mesure des liens qui nous unissent et de relier ainsi l’intime et le collectif !