Un constat : je sais que je ne sais pas

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Cette expérience débute au printemps 2022 alors que je poursuis mon chemin vers ma transition.

A ce moment là, je viens de m’installer pour quelques mois chez Sylvie au Moulin de Pouilly sur Vingeanne. Dans ce magnifique lieu de vie, il y a un potager auquel je compte bien contribuer. Je me rends-compte de toutes les compétences et savoirs que je dois acquérir…

Oui, il faut avouer que mon niveau de jardinière se situe quelque part entre moins un et zéro. Je peux en dire autant de ma capacité à coudre, bricoler, réparer.

En fait, je m’aperçois de l’écart qui existe entre, d’une part mes aspirations à rejoindre un écolieu pour enfin incarner, dans mon quotidien, les valeurs qui me sont chères, comme devenir moins dépendante de la consommation, prendre soin de la nature, coopérer davantage et d’autre part, mes compétences réeelles en la matière.

Seule, que sais-je faire de mes dix doigts ? Comment puis-je répondre à des besoins fondamentaux sans passer pas la case magasin ???

Mince ! Je suis très peu équipée pour cela ! Analyser, manier des concepts, écouter, accompagner, transformer des idées en projets, ça je peux le faire, du moins je possède quelques outils que j’améliore progressivement.

Mais élaborer, produire de la matière « première », ça je ne sais pas !

Alors, quand j’aperçois l’offre d’un stage d’initiation en permaculture à Tera, projet dont j’ai déjà entendu parler et qui m’intéresse particulièrement, je n’hésite pas trop longtemps !

J’y vois un beau levier pour prendre le taureau par les cornes et asseoir des bases qui me manquent tant.

Dans cet article, je t’emmène vivre cette expérience immersive au sein d’un écosystème d’une richesse foisonnante et d’un niveau de réflexion et d’action très élaboré !!

La permaculture, c’est quoi ?

Visuel la Permaculture, c'est quoi

Voyons, voyons si je veux faire court, je dirai déjà que la permaculture est un univers où se croisent plusieurs disciplines (sciences physiques, biologiques mais aussi sciences humaines). Elle s’enracine dans le monde paysan et celui de l’agriculture.

Les passionnés de ce mouvement sont intarrissables sur ses figures inspiratrices, les fondateurs et ceux qui oeuvrent pour son développement. Les précursseurs semblent émerger au XIX ième siècle.

La permaculture s’appréhende comme une approche pratique, systémique, expériencielle qui consiste à créer des flux les plus équilibrés possibles entre des ressources disponibles et des besoins identifiés. Une large place y est faite au feed-back : que la rétroaction soit négative ou positive, c’est elle qui permet d’orienter les prochaines étapes.

De ce fait, on y trouve beaucoup de « bon sens » et des méthodes traditionnelles qui ont fait leur preuve.

On peut même parler d’un art de vivre ou d’une philosophie qui s’appuie sur trois valeurs centrales : prendre soin de la Terre, prendre soin des humains et redistribuer équitablement les ressources.

La permaculture permet de déployer une méthode pertinente dès qu’il s’agit de créer, d’organiser, de structurer des espaces (naturels, en friche ou bâtis) et des activités humaines, en prenant en compte les spécificités de l’environnement.

Cela peut s’appliquer à n’importe quel projet privé, familial, collectif ou en entreprise.

Si aujourd’hui, elle s’impose massivement  comme une référence incontournable et n’est plus limitée à un cercle d’afficionados, c’est peut-être que son éthique et ses principes répondent aux problématqiques aigues que nos sociétés rencontrent et qui s’intensifient à la vitesse de la lumière.

Regrader la terre, ne pas épuiser les ressources, « faire avec » et pas contre la nature, respecter et donner de l’espace au Vivant font aujourd’hui partie des solutions vers lesquelles se tourner devant les nombreuses crises qui nous touchent.

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Notre initiation permacool en 7 leçons !

Pendant une semaine notre petit groupe a joyeusement expérimenté une série d’ateliers qui nous a permis de goûter à la diversité des activités prèsentes sur le lieu et d’apprécier ses nombreux espaces.

La ferme de Martel où nous sommes accueillis décline des zones de maraîchage, une maison, un superbe fournil, un atelier, une micro-brasserie, une cuisine et des séchoirs ! Tout cela bordé de grands espaces préservés où l’homme intervient pas ou peu.

Les initiations ont balayé un large spectre : la culture maraîchère et de plantes aromatiques, l’alimentation végétale, la communication non violente, les phases du compost, l’agroforesterie et la conception de levain en boulangerie.

Il peut paraître surprenant de voir la communication non violente (CNV) au programme mais ce serait oublié que la permaculture prend en considération l’humain et ses liens…

Et puis, si le compost permet de recycler et valoriser nos déchets en apportant une excellente nourriture à la terre, la CNV permet de recycler nos émotions, de nourrir ainsi nos interiorités et de prendre soin de nos relations avec les autres.

Le rythme, plutôt soutenu, a mêlé apports théoriques et moments d’observation et de pratiques.

Notre « travail d’étude » a consisté  à travailler sur  un projet de design d’une parcelle de 3000 mètres carrés, non constructible et en pente, sur le terrain de la Ferme.

Il s’agit donc d’identifier les besoins et ressources de cette zone et d’en imaginer les aménagements les plus pertinents en termes de fonctions et d’usages, sobres en énergie et respectueux des écosystèmes en place, en lien avec les activités qui pourraient s’y déployer.

Comme dans toute vie de groupe, les liens avec les autres participants font partie de l’expérience.

Je célèbre ici les rencontres humaines dont certaines furent évidentes dès les premiers jours et d’autres qui ont mis plus de temps à se tisser. Les échanges et les partages se sont intensifiés jour après jour.visuel rencontres stage permaculture

A peine la journée de formation terminée, des petites grappes se forment, en fonction de l’envie et de l’énergie disponible : se détendre et papoter devant un verre, se baigner au lac d’à côté, se balader aux villages alentour.

Là, je me dois d’évoquer Tournon d’Agenais, la charmante commune la plus proche, où de nombreux Terians vivent. Les membres de Tera y ont en efffet crée l’épicerie associative et participent à dynamiser le marché nocturne de procducteurs locaux.

De chouettes moments, conviviaux à souhait, au coeur de la ruralité de Dordogne, complétés par le calme végétal de mes nuits sous tente, à l’écart des habitations de la Ferme.

Et puis, notre dernière soirée qui a coïncidé avec un évènement festif organisé par Tera et un autre collectif.  Musique et ripailles ont réuni tous.tes celles et ceux qui s’engagent d’une manière ou d’une autre aux côtés de Tera.

TERA, plus qu’un écovillage : un écosystème coopératif foisonnant

 

Visuel chapitre Tera

Je prèsente ici très brièvement la démarche de Tera car une foule de ressources est disponible pour découvrir ce projet.

Au début, il y a une bande de fondateurs.trices qui décident en 2015 de déployer, sur un territoire rural, plusieurs types d’activités en interdépendance.

Cette étape du projet a été précédée par un tour en vélo des écolieux existants.

Les intentions sont de :

– Mettre en place des conditions favorables à l’autonomie et à la résilience de ce territoire d’un point de vue alimentaire, eau et énergie.

– Regrader la Nature et les liens humains.

– S’insérer dans la dynamique locale existante et coopérer à ses enjeux.

Parmi toutes les initiatives qui y sont expérimentées, j’ai envie de citer la monnaie locale et le revenu d’autonomie.

Oui, oui, on est dans le concret ici !

Les mains, le cœur et la tête marchent ensemble. Ce projet sait allier réflexions, utopies et actions.

On peut imaginer Tera comme un ensemble de satellites : la ferme du Martel est un des lieux de production : maraîchage, boulangerie artisanale, atelier de menuiserie, micro-brasserie, alimentation végétale, accueil des formations.

À quelques kilomètres de là, au village de Tournon : l’épicerie associative « l’alvéole » permet de vendre les productions de la Ferme et d’autres produits locaux.

Au-dessus de l’épicerie, on trouve des bureaux pour assurer les fonctions administratives et une équipe dédiée au développement de la monnaie locale.

A l’heure où j’écris ces lignes, Tera est en pleine ébullition.

Un immense projet est en cours : la création du permier écoquartier rural de Lustrac dont le financement et la conception réinventent un modèle économique au service des citoyens et du territoire.

Ce système est époustouflant par sa densité et sa constante évolution !

 

Les petites graines semées

visuel chapitre les petites graines semées

 

Que ce soient les contenus et pratiques abordés en formation, chaque membre du groupe à côté duquel j’ai cheminé, les intervenants qui nous ont accompagnés ou encore le lieu, magnifique espace pour préserver le Vivant, absolument tout m’a profondément touchée et a vibré si profondément en moi, m’appelant à poursuivre ma transition et à « co-grandir » avec les autres.

Je n’aurai pas assez de mots pour exprimer ma joie et ma gratitude d’avoir pu vivre ces moments humainement et permaculturellement si enthousiasmants.

D’autres possibles s’écrivent aujourd’hui et maintenant ! C’est un défi aussi exigeant que réjouissant auquel j’essaye de prendre part à mon niveau.

Même si m’installer au sein de cet écosystème, au fin fond de la Dordogne, m’attire beaucoup, tous les paramètres intérieurs et extérieurs ne semblent pas être alignés pour que je puisse franchir ce pas prochainement. 

Par contre, rencontrer ce type de projets me permet de mesurer l’ouverture d’horizon des possibles et de rendre ma vision plus fine. En effet, je peux désormais regarder chaque démarche collective croisée à l’aune du degré de changement de paradigme propulsé par Tera.

Aussi, je n’ai pu m’empêcher de faire des liens féconds entre l’approche permaculturelle et celle des approches narratives : des fondateurs qui viennent d’Australie, une démarche qui cherche à « regrader » le terreau de nos existences, l’importance de nourrir et d’équilibrer les sols, la volonté de protéger et régénérer le Vivant.

En savoir plus et découvrir l’incroyable projet Tera, la permaculture et soutenir la création de l’écoquartier rural 

N’hésitez-pas à visiter leur page et site internet  https://www.tera.coop/

https://lustrac-en-transition.coop/

Et à visionner les nombreux reportages, vidéos et podcasts qui parlent de cette utopie en action !

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