Pour rédiger cet article, j’ai repris mes textes publiés sur Facebook autour de la quête de mon nouveau lieu de vie. Je les ai retravaillés sous la forme d’un carnet de bord.
L’idée est de partager mon passage vers une vie alternative.
Parce qu’on n’a pas besoin de conte de fées instagrammables sur les changements de vie mais de récits réalistes, parfois “techniques” et si possible enthousiasmants !
Je crois à la puissance des témoignages des petites et grandes transitions.
Celles des gens ordinaires qui tentent de cheminer vers d’autres façons d’habiter et de vivre la terre…
C’est donc pour nourrir ces récits que j’ai compilée les expériences et rencontres ayant scandé ma récente aventure… Tu viens avec moi ?
Épisode 1 sur 3 : chez Pascal 🐝!
29 mars 2022
Presque un an après une déconvenue survenue lors de mon installation inaccomplie dans un lieu de vie, je réitère aujourd’hui la concrétisation de ma quête, forte de l’expérience traversée l’année passé !
Cela tombe bien : c’est le printemps, le temps du renouveau !!
Cette fois-ci, pour choisir le lieu de vie où je pourrai m’ancrer au moins une année, j’ai décidé d’expérimenter ! L’occasion pour les événtuels co-habitants et moi-même de s’essayer réciproquement sur une petite période.
Me voilà donc avec trois lieux et ses habitants « à tester » avant de faire le petit pas de côté.
Mais au fait, qu’est-ce que je recherche en vrai ?
Pour un « rewind » complet sur mon cheminement et mes intérêts autour des formes de vie alternatives, cet article de mon blog, fait bien le job…
Aujourd’hui, au stade où j’en suis, mon intention consiste à franchir une étape supplémentaire pour me permettre de vivre et d’habiter autrement.
❌ Disons que je ne me sens pas attirée par l’idée de m’installer dans une maison ou un appart où je serai seule ou même en couple à occuper les lieux au quotidien.
Ce n’est pas que la solitude m’effraie, au contraire, elle m’est importante. Mais je crois que mon épanouissement dépend d’un équilibre entre sphère privée et élan collectif.
🎯 J’ai envie de partager un lieu où pourraient cohabiter des espaces intimes et des espaces collectifs avec la possibilité de mutualiser des équipements, des ressources, des intelligences, des sensibilités et des solidarités.
❌ Seule, je ne me vois pas cultiver un potager, réfléchir et mettre en place d’autres modalités pour se nourrir, se chauffer, être et faire ensemble…
🎯 Par contre, à plusieurs ça me semble plus accessible et plus facile de s’engager vers toutes ces transitions auxquelles j’aspire, notamment celles de soutenir le Vivant.
L’épisode 1 de cette mini-série prend place chez Pascal Baroni et sa fille adolescente.
Il vit depuis 10 ans dans une grande et belle maison en bois, en partie auto-construite , énergétiquement sobre et située dans un écoquartier non loin de Troyes.
Pascal est un ancien enseignant de menuiserie en lycée pro. Aujourd’hui, il anime bénévolement des ateliers bois, notamment pour des groupes d’enfants d’écoles alternatives.
Il accueille déjà un colocataire dans une chambre à l’étage. Il s’appelle Quentin et vient de Marseille. C’est un éducateur sportif dans un centre de jeunes porteurs de handicap et cherche à s’installer dans la région.
Il y a aussi la lumineuse et dynamique Mélanie Gertsch. Elle est là deux soirs par semaine, jusqu’à la fin de son alternance, au sein d’un tiers-lieu.
Elle et moi, on a déjà bien papoté.
La cuisine, le séjour, les espaces extérieurs sont les lieux à partager.
Pascal, très humblement, a déjà beaucoup avancé en termes d’hygiène de vie en général et d’alimentation en particulier.
Il m’a fait découvrir le cuiseur vitalité pour cuire et chauffer les aliments sans en altérer les propriétés…légumes, pains et gâteaux ont un goût extraordinaire et sont moelleux à souhait.
Il parvient à maîtriser ses déchets et ses dépenses d’énergie.
J’ai adoré sa tondeuse « low-tech-hamsters » et le miel produit par ses quelques ruches.
Il tente également de démarrer un potager en permaculture.
De son point de vue, l’éco-quartier est loin de ressembler à une vie de village : pour l’instant, pas de dynamique collective instaurée. Chacun reste plutôt chez soi, à l’abri dans sa maison de bois …
Mais l’environnement est agréable, calme avec un très grand parc aux portes du jardin. Je visite le chantier d’un futur cinéma d’art et d’essai dans le quartier (construction naturelle et toilettes sèches !).
Merci à Pascal pour son accueil et ses quelques moments partagés !!
Sa maison lumineuse, ses baies vitrées, ses énormes rondins et son unique poêle ont rendu mon séjour très chaleureux et agréable.
Je ne sais pas encore si chez c’est Pascal que je poserai mes petites affaires mais on est d’accord tous les deux :
la plus majeure des transitions à accomplir est celle de l’intérieure.
PS : Et puis la ville de Troyes juste à côté, c’est plutôt sympa !
J’y ai rencontré, par hasard, Killian Talin, le fondateur d’inspiration créative, à la Kantinetik du tiers-lieu Le Rucher Créatif
À bientôt pour l’épisode 2 !
Un grand merci pour vos réactions positives et enthousiastes suite au partage de l’épisode 1🐝
Le 2 Avril 2022
Quel boost de me sentir soutenue et de voir que je ne suis pas seule à rechercher un mode de vie plus harmonieux, plus durable, et plus juste !!
Effectuer des transitions, c’est pas une mince affaire !
Cela fait presque deux ans que je tâtonne et me frotte à d’autres façons d’habiter afin de devenir LocaTerre. Alors, tous les commentaires et messages privés que j’ai reçus m’ont fait vibrer, beaucoup.
Si on prend un peu de hauteur, je crois que la quête qui nous rassemble concerne la question de sa PLACE.
Oui, c’est quoi être à sa place ❓
Je vous partage ce que j’ai entendu hier à ce propos et que j’ai trouvé éclairant, ça a résonné pour moi, alors peut-être ça vous parlera.
« On pourrait croire que le monde se partage entre les enracinés et les nomades, qu’il y a deux espèces d’être : les hommes de la terre et ceux du vent.
Certains ne seraient heureux qu’à la place qu’ils occupent, comme
s’ils étaient faits de ce sol, modelés dans cette matière.
D’autres ne feraient qu’effleurer les cimes, êtres du passage et du survol, jamais vraiment ancrés dans un lieu, une relation, [une activité ; c’est moi qui ajoute ce dernier élément].
Nous sommes dans l’entre-deux !
Des êtres toujours en mouvement même quand ce mouvement est discret, invisible, caché dans la profondeur des cœurs et dans les replis de la pensée.
Nous ne restons jamais en place même si nos voyages sont souvent immobiles et le lointain parfois intérieur ».
C’est ainsi que Laure Adler introduit l’heure bleue sur France Inter où elle reçoit Claire Marin, une sondeuse d’âme hors-pair.
Cette recherche de place est justement ce qui m’a beaucoup mobilisée ces derniers mois avec l’ajustement de la mienne, ou plutôt des miennes (en tant que professionnelle et habitante).
Parmi les fils tirés par Claire Marin pour tisser sa place, je retiens ces points :
Changer de place est un mouvement nécessaire, une évolution normale et source de déchirement également.
Il y a ce tiraillement intérieur entre ce qu’on va perdre et notre quête de pluralité. Cette dernière est une nourriture essentielle qui évite l’assèchement de notre identité.
Une autre place peut s’envisager comme une condition permettant de faire surgir l’ignoré en nous, l’inimaginable, pour ouvrir les possibles.
Ressens-tu aussi ce mouvement entre le consentement à une place désignée en renonçant à d’autres ailleurs, d’autres identités et récits possibles ET la désobéissance à rester à sa place en s’ouvrant à d’autres rôles, d’autres lieux et d’autres histoires ?
Sur la route vers le second lieu de vie que je me propose d’expérimenter,…
Dimanche 3 Avril 2022
Je fais un petit détour pour rencontrer le collectif de La Forge de Colmier !
Aux confins de la Haute-Marne et de la Côte d’Or, un groupe d’amis a décidé de redonner vie à une ancienne forge pour en faire un lieu (agri)culturel de rencontres et de partage de savoir-faire.
En 2017, ils créent l’association “L’Union fait la forge”.
Depuis, ils y organisent des chantiers participatifs, des événements festifs et culturels, des ateliers et des résidences d’artistes répondant au joli nom des Ateliers du milieu !
C’est fou ce que le monde rural d’aujourd’hui met en œuvre comme dynamique !!
Au point de parvenir à tisser des ponts entre tradition et innovation, nature et culture !
Tout ça dans un esprit de convivialité, au sein de territoires reculés où la nature est préservée et respectée. Nous sommes ici en pleine zone du Parc national de forêts.
Lors de cette journée portes-ouvertes, la Forge a donc ouvert ses grilles et propose aux vsiteurs :
– un atelier de fabrication traditionnelle de pâte à pain et à pizza
– un spectacle de la compagnie en résidence – La migration- une petite merveille de cirque en paysage.
L’ancienne citadine que je suis ne cesse de remettre à jour ses visions de la ruralité en constatant ses richesses et ressources insoupçonnées !
Episode 2 sur 3 : Chez Sylvie🐞
Semaine du 4 au 10 Avril
Je continue le partage de ma quête : vivre et habiter autrement au sein d’un lieu de vie où les communs, la sobriété et l’écologie intérieure soutiendront davantage le Vivant✨ !
Depuis dimanche soir me voilà en Vingeanne
Mon deuxième séjour a lieu à Pouilly-sur-Vingeanne, en Côte d’or, nous sommes à une trentaine de kilomètre au nord de Dijon.
C’est un joli territoire entre les méandres de la rivière Vingeanne et le canal “de la Marne à la Saône”.
Discrète et gracieuse, la Vingeanne trace sa route sinueuse à travers des petits villages tout charmants.
C’est dans l’un d’eux que Sylvie habite et plus précisément dans un moulin !
Attention ! Un gros moulin, type énorme bâtisse du 16 ième siècle, entouré d’un grand verger au bout duquel coule la rivière et d’un potager.
Le moulin est fascinant, intriguant, voire même imposant quand on ne le connaît pas.
Sylvie me l’a fait visiter intégralement une première fois mais les dédales et les espaces sont tellement nombreux que je m’y perds encore.
Dans les greniers, sont entreposés les anciens godets et l’on peut voir la cheminée par laquellle on introduisait le blé pour le transformer en farine.
Il y a aussi tout un tas de bric à brac digne d’une brocante, idéal pour s’adonner au recyclage.
Le moulin est encore en activité : il est utilisé en autoconsommation afin de produire de l’hydro-électricité pour le chauffage en hiver .
Il faut actionner les turbines manuellement pour réguler la production.
L’idée étant, à terme, d’automatiser le processus avec un alternateur plus puissant qui fournira davantage d’énergie.
Sylvie habite ces lieux et est photographe professionnelle depuis dix ans.
Elle a installé son studio photo dans une aile du bâtiment et se spécialise dans les portraits en studio, les évènements et les photos d’animaux .
Elle partage son temps restant entre l’accueil d’hôtes et la rénovation d’espace au sein des différents étages du Moulin.
Actuellement, environ un tiers des espaces sont habitables sur les 1100 mètres carrés que compte la bâtisse.
Avant de s’installer ici, Sylvie a connu plusieurs vies et quelques bifurcations : elle a notamment travaillé comme saisonnière dans le tourisme puis comme éducatrice spécialisée.
Ce moulin, devenu pilier central de sa vie, elle en bénéficie le temps de son vivant.
Il sera ensuite transmis aux enfants de son feu mari.
Cela lui convient très bien comme ça, elle aime l’idée d’être juste passage, un trait d’union dans cet endroit irrigué par tant d’autres vies.
Son objectif est de mêler humblement sa trajectoire à celle du lieu et lui permettre de vibrer 500 ans après sa fondation.
Elle s’engage donc fortement dans la préservation de ce lieu chargé d’histoires (avec un petit et un grand H) .
Les projets de Sylvie :
– Tendre vers une autonomie énergétique et alimentaire
– Proposer des espaces, à l’étage, pour y accueillir des ateliers où artistes et artisans pourraient se consacrer à leurs créations
– Organiser des évènements et ouvrir régulièrement le moulin à des visites, voire à des chantiers participatifs …
Entre deux sessions de télétravail, je partage donc des bouts du quotidien de Sylvie et une partie de ses rêves.
J’observe les manœuvres journalières de maintenance des turbines tout en profitant de ce joli cadre bucolique et empli de puissantes vibrations.
Je copine aussi avec ses vigoureuses chiennes : des bergers picards, les deux autres habitantes permanentes de la maison. Ce sont des des supers gardiennes et membres à part entière du foyer !
Sylvie m’a fait rencontrer une communauté de jeunes allemands créatifs et bohèmes qui ont investi un grand domaine à l’autre bout du hameau. Ils y organisent souvent des fêtes et des accueils de volontaires.
Une bulle rafraîchissante et porteuse d’énergie au sein de ce village plutôt calme et traditionnel .
Il me reste jusqu’à la fin de la semaine pour continuer de me familiariser avec les autres pépites de ce nouvel environnement !
Si je décidais de poser mes affaires ici, j’aurai l’occasion de prêter la main à Sylvie pour contribuer à faire du Moulin de Pouilly un lieu de vie ouvert et dynamique, comme l’étaient autrefois ces endroits, centre névralgique des activités villageoises.
Episode 3 sur 3 : chez Phillipe 🐦
Semaine du 11 au 17 Avril 2022
Me voici depuis quelques jours dans le troisième lieu que je me propose d’expérimenter avant de choisir là où je vais m’installer .
Cet endroit, je le connais déjà ! Je vous l’avais présenté en septembre 2020 lors d’un séjour en woofing.
Voici l’article qui décrit le rural paradis de Philippe Kohler, le propriétaire de ce lieu de vie fertile, pour partie auto-suffisant (en alimentation et électricité).
Depuis ma dernière visite, la maison aux cheveux de chanvre est terminée.
Une autre maison de hobbit a vu le jour, ainsi qu’une grande salle “de séminaire”.
Les deux beaux chiens font toujours partie des animaux habitants, à côté des poneys, des poules, des lapins et de magnifiques oiseaux exotiques dans leur spacieuse volière.
Philippe est très organisé, rigoureux, efficace !
Il est né en Suisse et a consacré une partie de sa vie à être éducateur de jeunes “en difficulté”.
Ce terrain a d’abord été un lieu de séjour de rupture pour les jeunes qu’il accompagnait, puis, lorsqu’il a quitté son poste dans le social,
Il a de plus en plus investi ces terres de Haute-Saône pour en faire aujourd’hui un espace où se croisent des projets et des trajectoires assez incroyables.
Entre les touristes qui louent les gîtes, les groupes de woofers et les personnes accueillies dans le cadre de projets spécifiques, c’est un mouvement perpétuel !
Philippe a également suivi une formation en médecine chinoise et se montre très ouvert pour intégrer, dans son lieu, des formations et des ateliers autour de l’énergétique et des médecines alternatives.
Ainsi, à mon arrivée, dimanche soir, il y avait un atelier de danse intuitive puis, dans la semaine, j’ai rencontré un petit groupe dont le projet est d’organiser un festival autour des médecines traditionnelles amazoniennes !
Côté Woofers, j’ai croisé les routes de Camrica, jamaïcaine; de Vanessa, d’origine coréenne, de Rébecca qui vient de Slovénie et aussi celle de Nour, Libanaise ainsi que celle d’Anaïs de Clamart !
Vous voyez un peu ce magnifique mélange des couleurs !
Sans compter l’énergie qui circule ici, entre vie végétale et animale, en recul des activités commerciales .
Lors de ma dernière soirée aux Gîtes La Maion bleue, j’ai eu la chance de participer à une belle soirée.
Tambours, djumbés et n’goni au son des pizzas au feu de bois ont ravi les coeurs, les papilles, les oreilles et les âmes du groupe présent ce soir-là.
Si je décide d’habiter chez Philippe, je serai logée dans un bungalow, sans eau mais avec électricité.
Il s’agira de dédier quelques heures par semaine aux gîtes et aux potagers pour bénéficier de ma petite habitation et de la nourriture récoltée.
C’est un peu plus engageant et contraignant en termes d’organisation que les deux autres possibilités (location classique) mais évidemment super intéressant car il s’agirait d’un plus gros palier de transition vers l’objectif d’habiter autrement.
Episode Bonus : Tour des Villains
30 Avril – 1ier MAi
Après mes 3 immersions et une semaine de réflexion,
Me voilà en route pour mon installation…
Ce sera finalement chez Sylvie dans son moulin de Pouilly-sur-Vingeanne !
Et en fonction du mouvement de la Vie, peut-être qu’en 2023, je migrerai chez Philippe Kohler à Montpont en Bresse.
En attendant, alors que j’approche des frontières sud de la Haute-Marne,…
je fais une halte à la Tour des Villains de Montsaugeon !
Et oui, ce soir, ce tiers-lieu culturel qui dynamite la petite cité de caractère et la région accueille le groupe les Lemonfly pour un concert rock celtique !
J’ai répondu à leur appel à bénévole, histoire de leur donner un coup de main pour la soirée ! C’était vraiment super !
Ce qu’il y a de bien à la Tour des Villains c’est que les lendemains chantent autant que les moments de festivités !
La veille, déjà, tout le monde a pu ressentir une belle énergie, une ambiance fun et familiale.
Ce matin, il en était tout autant côté jardin d’Isabeau où se tenait un apéritif pour remercier les volontaires qui ont aidé à déménager le jardin médiéval au sein des espaces verts du tiers-lieu.
Désormais, les plantes et fleurs qui s’épanouissent sous les mains de Dominique, vont accompagner la croissance des Villains.
Ce moment convivial est l’occasion de faire plus ample connaissance avec ceux qui contribuent à faire vivre ce lieu, leur si beau village et les autres personnes qui gravitent autour en participent à la synergie en place.
Chaque personne avec qui j’ai papotée m’ouvrant les portes de leurs trajectoires étonnantes et me livrant quelques secrets de leur territoire.
Tout endroit est Terre de légendes et mes interlocuteurs me font découvrir cette dimension de la Haute-Marne.
Des histoires et des sites mystérieux, des mythes reliés aux nombreuses sources, forêts, cette nature foisonnante et les racines médiévales très fertiles par ici.
Merci à ceux dont les récits m’ont mis des étoiles dans les yeux en titillant ma curiosité !
Quant à moi, je reviendrai vous partager les coulisses de cette expérience et les suites de mon aventure en Vingeanne !
