Après mon projet nomade de rencontre avec des hommes et des femmes qui ont décidé de porter leurs activités en tant qu’indépendants, il peut sembler décalé de s’intéresser à des alternatives de vie cherchant à inventer des relations plus apaisées avec ce qui nous entoure, loin de la compétition économique et sociale.

 

Et pourtant les liens me semblent évidents. 

 

Dans les deux cas, il s’agit de se mettre en action, de se responsabiliser pour créer un quotidien plus proche de nos convictions ou valeurs. 

Cela exige souvent un travail sur soi et une connaissance de soi incontournables.

Il s’agit aussi d’oser le pas de côté par rapport à une norme, de prendre des risques et de sortir du connu. 

Il s’agit enfin de ne pas rester isolé et de s’appuyer sur des communautés, des collectifs pour faire avancer nos projets.

D’autant plus qu’être en mesure de développer une activité en indépendant est parfois une condition pour pouvoir s’installer dans un éco-lieu par rapport au revenu qu’on est en mesure de générer.

1 – Trouver le lieu et le mode de vie idéal… qui n’y a pas pensé un jour ?

 


Cette question m’habitait auparavant d’une façon assez légère et discontinue . Elle est devenue centrale et incontournable depuis le premier confinement.

J’ai eu la chance de passer celui-ci à la campagne, chez des amis et depuis je souhaite trouver un lieu de vie qui corresponde à des valeurs humaines et positives, à une façon de consommer plus responsable, au respect du vivant et surtout à l’envie de faire partie d’un tout.

Les lieux de vie qui proposent des démarches d’habitat alternatif croissent de toute part. Ces “écolieux”, également nommés Oasis, représentent de véritable laboratoire humain, social, écologique, éducatif et semblent  faire partie des réponses émergentes, en Occident, par rapport à la soif de vivre différemment et de façon plus harmonieuse avec ce qui nous entoure. 

Depuis cet été, j’ai visité un certain nombre d’Oasis et j’ai participé en septembre à un festival, organisé par la Coopérative Oasis qui réunit les acteurs et les aspirants à ce mode de vie. Ce fut un beau moment de partage qui m’a permis de découvrir plus concrètement la diversité des initiatives et lieux existants et surtout de ceux qui les font vivre.

 

2 – Les Oasis s’établissent au sein des interstices de la mondialisation

 

A un système qui nous impose une vie de plus en plus “prédatrice” et solitaire, les oasis tentent d’ouvrir des voies plus collectives et résilientes. 

L’idée est d’expérimenter d’autres formes de lien avec soi, les autres, la nature, le travail et sa rémunération tout en s’appuyant sur la permaculture, l’écologie humaine et environnementale, les outils de la gouvernance partagée, …

Un sujet d’actualité, surtout en cette période de crise sanitaire qui nous oblige à revisiter nos modes de vie tant individuels que collectifs. 

En effet, cette crise semble avoir intensifié une tendance débutée il y a quelques années pour certains d’entre nous. Tout à la fois le désir de changement, d’un pas de côté par rapport au système, d’une quête de sens et la volonté de reprendre la responsabilité de sa vie, de son environnement (social, naturel, professionnel). 

En tous les cas, je me retrouve dans une conception du monde plus holistique, réunie par un nous et une vision à long terme du développement. 

Je partage ce profond désir de remettre au centre de mon quotidien des valeurs telles que la terre, le vivant, la solidarité, le partage, une certaine forme d’autonomie sans nier nos liens d’interdépendance.

Les centaines de publication que je peux lire sur les groupes facebook dédiés à ceux qui s’intéressent aux oasis me prouvent chaque jour que sans être des hippies new-age complètement perchés, nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter concrétiser nos aspirations à une vie plus simple, plus proche de la nature, plus harmonieuse.

L’idée de vivre avec moins de biens en créant plus de liens.

 

3 – Les interrogations et peurs fleurissent tout autant que le désir de réaliser cette transition.

 

A l’instar des milliers de personnes attirées par ce mode de vie, les doutes et questionnements sont présents.

Consciente qu’il ne s’agit pas de se laisser éblouir par un rêve et un mode de vie qui peut sembler idéal, j’ai la curiosité d’interroger aussi les obstacles rencontrés lorsqu’on se décide à fonder ou rejoindre ce type de communautés sans cacher les difficultés ou les défis que posent ces lieux de vie. 

Les premières visites réalisées dans différents éco-lieux m’ont permis de formuler quelques problématiques :

Quel degré d’autonomie alimentaire, énergétique et financière est-il possible d’atteindre ? 

Quels équilibres entre la perte provoquée par l’abandon de ce qui nous encombre pour mener une vie plus sobre, les engagements nécessaires afin de développer le collectif et les projets du lieu et l’harmonie qu’on atteint ?

A-t-on sa place dans ce type de lieu lorsqu’on ne possède pas de savoir-faire particulier ?

Sans compétences ou expériences en permaculture, éco-construction, énergie durable, élevage d’animaux, comment se rendre utile et faire sa part ? 

Sans un patrimoine financier important à investir ou un budget important à dédier à son loyer, comment accéder à une part de ce “paradis”, quelles solutions ou alternatives existent ? 

Comment générer un revenu depuis ce lieu, quels types d’activité rémunératrice peuvent être envisagés, même si ce choix de mode de vie moins consumériste basée sur une certaine autonomie et des échanges peuvent diminuer considérablement nos besoins matériels ?

Comment savoir si l’on est prêt d’un point de vue personnel, relationnel et émotionnel à trouver notre place au sein de ce type de projet ?

Quelle mixité sociale, ethnique et culturelle existe-t-il dans ces lieux ?

Quels sont les liens établis entre les oasis et les territoires sur lesquels ils s’établissent ? Comment éviter qu’ils soient des enclaves d’un mieux-vivre recroquevillées sur ses habitants, souvent blancs et appartenant aux catégories sociales relativement privilégiées ?

 

Mon souhait est de contribuer à poser et partager des balises sur le chemin de ceux qui aimeraient tenter la voie de vivre différemment. 

6 ressources pour aller plus loin :

Dossier du Monde Août 2020 : Voyage dans la France des utopistes par Nicolas Truong 

Hors-série Kaizen et Colibris : Oasis, un nouveau mode de vie

Ouvrage : « Vivre autrement : écovillages, communautés et cohabitats » de Diane Leafe Christian. Editions écosociété 

Podcast “la voix des oasis” par Alexandre Sattler

 

 

 

Lieux, équipes et formations :

Coopérative Oasis

Campus de la transition

Réseau transition – Acteurs du changement positif

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