Depuis quelques mois, mon ancrage géographique se nomme Coiffy-le-Haut. Un petit village de Haute-Marne, perché sur des coteaux, non loin de Bourbonne-les Bains.
La Haute-Marne est plutôt méconnue et n’est pas considérée comme particulièrement attractive.
Pourtant, à l’intérieur des frontières de ce département s’épanouissent d’importantes étendues forestières et de cultures agricoles doucement vallonnées et ponctuées de jolies cités au caractère médiéval bien trempé.
De plus elle est bien entourée : parmi ses voisines, on trouve les Vosges, la Lorraine, la Champagne et la Haute-Saône.
Côté ville ou campagne c’est tout un terroir irrigué par l’agriculture, l’artisanat et des savoir-faire traditionnels sans oublier quelques pôles historiques, culturels et technologiques.
Coiffy-le-Haut de nos jours compte 120 habitants, dont un certain nombre sont établis comme résidents secondaires.
Il y en avait mille de plus au 19ème siècle et un quart d’entre eux vivaient de la production vinicole.
Je ne détenais pas ces informations avant d’échanger avec Pierre et Florence, le couple de vignerons avec qui j’ai échangé ces dernières semaines.
J’ai eu envie de les rencontrer pour deux raisons :
La première c’est ma curiosité activée, lors de mes nombreuses balades dans le village. Impossible de ne pas remarquer qu’en dehors de la mairie et de l’église, les seuls autres établissements à accueillir du public sont deux caves à vin !
La seconde c’est mon intérêt autour des liens forts existants entre un territoire et ceux qui le font vivre. Comment les parcours, les expériences et les activités d’individus impactent leur territoire et réciproquement ?
La trajectoire de Florence et Pierre, propriétaires du domaine Florence Pelletier
« Avant la vigne, il y a le facteur humain : les liens familiaux et ceux d’une rencontre amoureuse
C’est lors de leur adolescence que le couple se rencontre. Florence vient de la région parisienne, adolescente, elle venait passer ses vacances dans un village proche de celui où Pierre est né.
Âgés de 20 ans, ils décident de mettre en œuvre un projet de vie autour de la vigne.
Une forme de réponse à l’invitation des terres cofféennes de poursuivre l’histoire du vin, présente depuis des siècles sur ces lieux, offrant des conditions particulièrement favorables à cette culture.
Leur projet s’enracine également au cœur de la démarche des parents de Pierre et d’autres agriculteurs de faire revivre la production vinicole à partir des années 80.
Florence va assumer l’aspect spécialisation en viticulture et œnologie, transmettant et partageant avec Pierre le fruit de ces formations et apprentissages.
A la fin de nos échanges, Florence et Pierre me font d’ailleurs découvrir le jeu qu’ils ont créé il y a 20 ans. “La cuvée du savoir” recense plus de 1500 questions/réponses dédiées à l’univers du vin et des spiritueux.
Une sorte de « trivial pursuit » dont chaque élément (plateaux, pions, boîte de rangement,…) est subtilement travaillé pour évoquer une dimension de la culture viticole.
Le virage pris il y a 10 ans pour produire du vin autrement
Après plusieurs années en agriculture raisonnée, le couple se dirige vers la production répondant aux normes de l’agriculture biologique puis franchit le pas de se former en biodynamie jusqu’à obtenir la certification Demeter pour leur domaine.
Il faut dire que la situation privilégiée de leur vignoble, entouré de forêts et d’entités d’élevages ayant peu recours aux pesticides, réunit des conditions idéales pour cette transition.
La biodynamie est une agriculture holistique qui pose un nouveau regard sur la Nature : elle considère la Terre comme un organisme vivant. Elle s’appuie sur toute l’intelligence de la Nature pour accompagner les plantes et des animaux vers un développement harmonieux, dans le respect des processus naturels en proscrivant l’utilisation d’engrais ou de produits de synthèse.
Cette approche accorde également une attention particulière aux énergies cosmiques (rythme lunaire, planétaire et zodiacal), à l’intention et à l’information vibratoire qui viennent impacter/dynamiser la matière, en particulier, les liquides dont le vin fait naturellement partie.
Ces principes s’accordent parfaitement avec la façon dont Pierre et Florence assument la place prise par la spiritualité dans les différentes dimensions de leur vie.
Selon eux, la biodynamie en représente l’aspect le plus abouti s’appliquant à la culture.
On remarque l’alignement auquel ils parviennent avec ce projet de vie dépassant l’exercice d’un métier. C’est tout leur quotidien qui se trouve baigné et rythmé par la connexion avec la nature et la puissance de vie.
Dynamiser le territoire
L’impact de leur activité sur le territoire est multiple ! Voici les différents domaines où il se déploie :
Le plus visible est sans doute la répercussion culturelle. Florence et Pierre font partie des passeurs d’une tradition de plusieurs siècles. Ils la poursuivent tout en la renouvelant.
Cette dimension engage aussi le lien social. Les dégustations et visites guidées sur leur domaine Florence Pelletier, l’organisation des vendanges, la création d’une confrérie et la célébration active des fêtes de la Saint-Vincent participent à dynamiser les rencontres et les échanges sur leur territoire.
Œuvrer à rendre les lettres de noblesse aux vins de Coiffy, autrefois réputés dans toute la région, permet également de renforcer l’attractivité touristique de leur village.
Enfin, l’aspect économique et écologique sont également concernés avec les emplois générés par la culture des vignes, la mise en valeur du territoire à travers le vignoble et leur engagement à produire autrement dans le respect de la nature et du vivant.
Des acteurs positifs qui agissent concrètement pour le bien de la Terre et des Hommes
Dorénavant, lorsque j’ai l’occasion d’admirer les beaux paysages offerts par le panorama depuis les hauteurs de Coiffy, je comprends mieux comment un lieu façonne et est façonné par ceux qui y vivent.
A travers la biodynamie, Pierre et Florence parviennent à cette lumineuse reliance entre l’Homme et la Nature en jouant un rôle concret et local pour le bien de la Terre et des Hommes.
« Nous avons souhaité orienter notre existence vers le monde sensible et faisons le choix de vivre chaque jour une vie inspirée et d’être en harmonie avec la force créatrice de l’univers.
Cette vision nous permet de ré-enchanter notre quotidien : être en esprit avec la matière, c’est en quelque sorte se relier au sacré.
En donnant un sens à chaque geste effectué, à chaque pensée créatrice, nous réhabilitons l’imaginaire, éveillons notre conscience, et ainsi relions notre âme à l’âme du monde… »
Dans la vie de Pierre et Florence, le vin joue un rôle puissant.
A la fois support de rencontres et d’échanges et vecteur d’un message thérapeutique, le vin est en mesure de diffuser les vibrations et intentions positives engrammées à chaque étape de sa production.
La philosophie de vie qu’ils ont choisie leur permet de traverser les périodes de doute.
En pratiquant la gratitude et le remerciement envers la vie et l’univers, Pierre en retire des bienfaits quotidiens.
Quant à Florence, la connexion profonde avec la nature et le vivant lui permet de retrouver confiance et plénitude.
Malgré les temps rendus incertains par les pesantes menaces écologiques, sanitaires et économiques, Florence et Pierre portent l’espoir que les terres rurales puissent être synonymes de solidarité et représentent une opportunité de produire autrement et de vivre différemment.
Que cette porte ouverte sur demain nous invite à imaginer de nouvelles façons d’habiter “la campagne” et à penser la ruralité comme un lieu de possibles et de résilience.
Il me semble que l’expérience de Florence et Pierre contribue à écrire les récits dont nous avons tant besoin pour envisager une société différente où les territoires ruraux inventent d’autres liens et accueillent des porteurs de projets désireux de participer à relever les défis qui nous attendent.
En savoir plus sur le domaine Florence Pelletier :
En savoir plus sur la biodynamie :
En savoir plus sur la Haute-Marne :
https://www.tourisme-hautemarne.com/
